« Une expérience ethnographique à travers les danses urbaines dans le 104 de Paris »
Le 104 ce n’est ne pas que le débout (click ici)
Il était 15h30 le 15 mars 2017 ,
Sara et moi étions contents car nous avons quitté un terrain d’observation qui
a été assez difficile, l’arrivée dans le 104 fût pour nous « Del Putas », les
murs, les mots affichés dans les portes « Open », « Abierto », « Geöffnet », «
Ouvert »… et la musique qui avait envahi mes oreilles et mon corps qui
commençait à bouger par les rythmes de la musique urbaine. A ce moment-là j’ai commencé à observer pour
la première fois cet endroit et dans mes pensées le temps est retourné en
arrière car j’avais écouté une amie
historienne me parler de ce lieu.
Les murs qui gardent leur histoire
Des murs qui me
parlent, des souvenirs taillés qui gardent la douleur dans ses sols.
Le temple de la mort
qui permet le transit entre la douleur et l’avenir des êtres aimés.
La marchandise des
corps connus et inconnus,
des corps taillés,
maquillés et habillés sans mouvement.
Les vitraux rouges,
verts et bleus qui ritualisent le passage des grands seigneurs
et nobles dames dans
les profondes salles de l’obscurité.
La danse des corps
sans mouvement qui se préparent à l’intérieur des toits
et qui traversent les
couloirs, allumés par les bouillis de leurs êtres bien aimés.
Des larmes qui
courent et de la rage transfigurée en glamour dans les corps rigides de ceux
qui marchent en
procession.
Les odeurs des
hommes, des femmes et des enfants qui n’arrivent plus à respirer se dispersent
avec la formolisation et les fleurs.
Le souffle de la vie,
les corps qui sont morts, les rituels du passage ne sont plus que des
histoires.
La guerre l’a fait
changer, des centaines de cadavres circulent
La machinerie des
morts devient la fabrique du deuil. (WRD)
Après mes légères pensées j’ai vu
qu’au fond il y avait une femme, elle nous a conduit au salon où il y avait le
DJ qui mixait en compagnie d’un jeune homme barbu avec une casquette noire, des
baskets et des vêtements sportifs. Au milieu de la piste, il y avait le
professeur qui dansait au rythme de la musique et accompagnait plusieurs hommes
et quelques femmes qui essayaient tant bien que mal d'imiter les mouvements
sans grand succès. Nous étions restés à l'écart pendant que la femme qui nous
accompagnait nous demandait les adresses courriels. J’avais l’impression d’être
dans un endroit où l’ordre de la danse passait par les cris et les rires.
Le professeur avec une
« virilité exacerbée » a pris le contrôle du terrain en montrant son
leadership (caractéristique dans la construction de la masculinité) et ma
copine Sara est allée de son côté afin de suivre les indications. « Il
existe une tradition française de la pratique virile de la danse en contexte
urbain… » (Jacotot,2008).
Preuve à cela, dans l'explication des mouvements et pas de danse, le professeur s'est bien plus dirigé vers les filles. Nous garçons, nous étions derrière elles et nous regardions. Le ton de la voix était également plus doux avec elle qu'avec nous.
Preuve à cela, dans l'explication des mouvements et pas de danse, le professeur s'est bien plus dirigé vers les filles. Nous garçons, nous étions derrière elles et nous regardions. Le ton de la voix était également plus doux avec elle qu'avec nous.
A mes côtés il y avait des jeunes
hommes qui me ressemblaient un peu physiquement, ils me regardaient avec un
grand sourire, moi j’ai été touché car cela m’a fait mettre rapidement en
contact avec eux. Are you
arabic ? m’a demandé celui de
mon côté droit. A ce moment là, je me suis rendu compte que cette situation
m'arrivait souvent en France. J'ai beaucoup réfléchi à mes manières et j'ai
essayé de voir en quoi les hommes qui semblent arabes me posent toujours cette
même question. « Comme Edward Saïd (1978) l’a montré, les catégories de
l’orientalisme tendent à construire, redéfinir et reproduire une géographie
imaginaire et des représentations sur l’Orient » (Rebucinni,2013). Ma
communication dans cette première journée de danse a été presque exclusivement
avec des refugiés (ils m’ont dit cela en dansant) et immigrés qui assistaient à
ce cours de danse urbaine accompagnés par une femme de leur structure d’accueil
qui est dans les périphéries de Paris. Je me suis mis à danser et pendant cela
tout le monde dansait à leur coté.
La (re) production masculine en série dans la fabrique de la danse |
La Danse à six (Je, tu, il/elle, nous, vous, ils/elles)
Il m’a regardé droit
dans les yeux, il m’a souri, il a demandé mes racines, moi j’hallucine
Le jeu de la danse,
la complicité dans les gestes corporels, un geste croisé
Les mains dans les
mains, les poings dans les poings, le geste avec les corps je me sens incorporé
Le langage universel,
le sourire.
Les paroles
disparaissent, les gestes viennent.
Nos corps n’ont plus
besoin des mots, la bouche se ferme, les yeux s’expriment,
Les dents font plus
que manger ou mordre.
Dans notre univers
n’existe plus que nos corps, nos gestes qui échappent à l’ordre.
Des sons et des pas
qui sont d’autres mondes, la complexité de laisser le passé au composé
La maitrise de nos
corps, la maitrise de nos pieds, la maitrise de nos têtes en arrière, on a
assez
Ne pas sentir la
musique, regarder les pieds, regarder leurs têtes arrière, cacher les doigts de
pieds
Suivre des conseils,
maitriser les fesses, bouger le ventre, bouger les épaules, ouvrir les
oreilles.
On est perdus, les
sourires complices sont notre jeu, je suis intégré, je ne me sens plus étranger
Voilà ! on s’est
échappés, on s’est bien moqués, le système qui nous accueille est très carré,
Le maitre vient, les
cris marquent ses frontières, nos rires marquent les nôtres,
Où sont les autres ?
quand a-t’ il pris le contrôle de leurs mouvements ? elles peuvent maintenant
danser.
L’Equatorienne et les
femmes françaises savent bien bouger.
Dans cet espace on
danse à six.
Les blagues, les
rires, pourquoi on est ici, dans nos origines on ne danse pas comme ici,
Vous voulez regarder,
je vais vous faire une démonstration ici.
Ne m’oblige pas je
veux rester assis, ne sois pas comme ça, je suis marocain, iraquien, afghan,
colombien, syrien je ne suis pas né ici.
On va tous maitriser nos corps et danser la
chorégraphie.
Thanks so much, je pars maintenant d’ici.
Je suis d’accord je
vais rester ici. (WRD)
Projet Cultures Urbaines (28 avril 2017) |
Boys, girls, all type of people...
Work It (click ici)
Boys, boys, all type of boys
Black, White, Puerto Rican, Chinese boys
Why-thai,-thai-o-toy-o-thai-thai
Rock-thai,-thai-o-toy-o-thai-thai
Girls, girls, get that cash
If it's 9 to 5 or shaking your ass
Ain't no shame, ladies do your thing
Just make sure you ahead of the game… (Missy Elliott
Rappeuse)
« Paris se vit à travers la diversité et les rythmes de ses quartiers… qui contrastent singulièrement avec l’ambiance des salles de music-hall. Tous ces temps, tous ces lieux contribuent à l’animation de la capitale et à la « fabrique de Paris » (Monjaret,2012).
La Fabrique de Paris c’est le sentiment que j’ai eu lorsque nous sommes arrivés, il y avait des garçons et des filles racisés, blancs,beurs, le multiculturalisme duquel j’ai entendu depuis toujours parler. J’ai invité Sara pour nous poser sur les côtés de l’entrée du 104 où il y a un peu plus des gens amateurs de danse urbaine.
Une fille blanche était en train de danser de manière libre mais avec des mouvements très précis de danse urbaine. On s’est assis dans les escaliers et on a regardé la danse. J’ai remarqué qu’on était étrangers dans ce groupe qui nous montrait de plus en plus de pas très complexes. La fille du coin dansait encore toute seule isolée du groupe. A ce moment-là ,Sara est partie aux toilettes et je suis resté tout seul. Alors un garçon blond m’a parlé pour me demander des cigarettes et j’ai dit que je n'en avais pas, alors je me suis questionné, la cigarette fait partie de la socialisation masculine ? qui allume une cigarette ? pourquoi ? « Pour chacune de ces questions, il convient d’envisager selon leur pertinence les éléments de réponse liés à l’environnement national et à la place de la cigarette dans la société, mais aussi à l’entourage familial, amical ou professionnel » (Dautzenberg, 2007).
REFRAIN : fume, fume, cette cigarette, grille des mégots de vieux clopos
Sur des conseils de médecine, lus dans « Poumons magazine »
Fume fume et puis oublie les détergents qu'il y a dedans,
Les bénéfices de l'Etat, la marge de la Seita …
Pour se déculpabiliser, se déresponsabiliser,
On t’a prévenu, c'est écrit dessus : « tu vas crever », ne viens pas faire un procès.
Sur un missile, ou un lance-roquette, ne manque que cette phrase obsolète :
« Faites attention ne tirez pas vous allez sûrement faire du mal à un gars » ! (S.sanseverino)
Deux jeunes sont arrivés et l'un d'entre eux m’a salué, j’ai
parlé en français mais il m’a répondu en anglais, il était Japonais, son père
était africain et sa mère japonaise, le
deuxième jeune m’a parlé aussi en anglais pour me demander si je dansais là.
J’ai expliqué que j’étais là juste pour observer un peu, il m’a demandé si
j’étais français. J’ai répondu que j’étais « colombien » et il m’a
parlé en espagnol. Le jeune était japonais avec un père argentin/chilien et une
mère japonaise.
A ce moment-là Sara est arrivée. Je l'ai présenté aux
garçons. « Salas » m’a raconté qu’il faisait de la danse urbaine
depuis petit, depuis 7 ans et qu’il n’a jamais arrêté car cela le passionne.
J’ai demandé s’il trouvait des différences entre les danses urbaines pratiquées
dans les trois contextes (Amérique du sud, Asie, Europe). Il m’a dit que les
danses urbaines en Amérique latine sont beaucoup plus dans le mouvement des
« hanches », « ceinture » il a dit avec « sabor » et il a rigolé. Il
m’a dit qu’au Japon la danse urbaine travaille beaucoup plus les mouvements
avec les mains qu’en comparaison aux manières de danser en France où il
trouvait que les danses passaient beaucoup plus dans l’appropriation de
l’espace (pas plus grands).
Il m’a montré certains exemples et m’a invité à les imiter
mais je n’ai été vraiment capable car je trouve cela très avancé pour mon
niveau. Il m’a proposé de venir avec lui à pratiquer dans cet endroit alors il
m’a dit qu’il serait quelquefois ici sur Paris et que je pouvais le trouver là
les mardis.
Jour numéro 3 On entre sur scène « alors on danse »
Projet Cultures Urbaines (28 Avril 2017) |
De la fabrique de la Mort à la Fabrique de la Danse
Dans tes sols les
fleurs, les bougies, les pompes
funèbres, laissant des traces
Aujourd’hui la
musique, les hommes et les femmes dansent
Ils ne pleurent pas
les être bien aimés, ils pleurent leurs victoires dans les compétitions
Ils et elles ne sont
pas habillées en noir pour accompagner les corps sans mouvement
Ils et elles sont
habillés en Noir, blanc, rouge, vert pour danser avec rythme et chaleur
Le passage de la vie
à la mort est aujourd’hui de nouveau le passage de la mort à la vie
La dialectique de
l’existence, la dialectique de la douleur et la joie, les hommes ne pleurent
pas,
Aujourd’hui ils ne
pleurent pas non plus, ils dansent et font divers et dangereux mouvements,
dans chaque mouvement
existent des risques et même s’il se frappent « les hommes ne pleurent
pas ».
Dans les pompes
funèbres il y avait 1400 hommes et seulement une quarantaine de femmes
Aujourd’hui une
centaine d’hommes dansent des danses urbaines et les femmes sont quelques
dizaines
Le cirque, le théâtre
et la danse contemporaine sont pour les blancs une coïncidence peu étrange
La danse asiatique,
la salsa, les rythmes tropicaux et la danse orientale sont-ils en campagne
Je veux danser, me
sentir libre comme quand j’étais petit à la campagne.
Boire de la chicha,
le « masato » et l’« aguardiente de caña »[1] (WRD)
On est arrivés avec Sara et on a
cherché Lola qui est venue pour nous accompagner pour l’observation en groupe.
« Le déguisement demeure une surface extérieure,
et ne peut se substituer à une démarche de questionnement intérieur, dans la
matérialité du corps. On peut se demander s’il n’y a pas, sous-jacent, un
retour au biologisme par l’aveu implicite d’une impossibilité à changer autre
chose que les apparences »[2].
Le carreau du Temple (Piste de danse urbaine) |
On est assis dans la même place
je me suis mis par terre dans les escaliers, et cette fois j’ai remarqué des
regards sur moi qui venaient de la fille « qui est restée danser toute
seule lors de la dernière observation » mais aussi des garçons. Lola, Sara
et moi étions en train de parler quand j’ai regardé les jeunes danser et j’ai
vu un garçon racisé qui m’a regardé et m’a souri. Il est venu après me parler
de manière souriante (avec des gestes codes pour me saluer) mais ce que j’ai
trouvé un peu étrange c'est qu’il m’a parlé qu’à moi. C’était un garçon du
Cameroun il est resté pour nous parler, après j’ai vu que lui était beaucoup
plus intéressé quand on a dit qu’on était latinos. Il m’a demandé si j’étais
danseur et j’ai dit que beaucoup plus amateur que professionnel, donc il a
rigolé mais il m’a demandé si j’avais au moins des notions de danse. J’ai
répondu « bien sûr » je suis latino je sais danser la
« salsa », « merengue » et « bachata » entre
autres. Il m’a demandé si je venais souvent dans cet endroit alors on a expliqué
avec Sara qu’on était dans un cours de danse urbaine mais qu’il était pour
débutants et qu’il était très technique pour nous, mais qu’on apprenait.
Il nous a dit que cet espace où
ils se réunissaient n’était pas payant, ni même un cours mais qu’on pouvait lui
apprendre notre danse et lui la sienne. On a bien rigolé mais j’ai remarqué que
Lola n’était pas très à l'aise avec cette situation. Pour briser la glace
finalement avec le groupe de danse j’ai demandé si je pouvais aller danser avec
lui. Il m’a invité et j’ai tout laissé et je suis allé alors il a commencé à me
montrer les pas.
Projet Cultures Urbaines et Danseurs (2017) |
Let's get it crunk, we gon' have fun
Up on up in this dancerie
We got ya open, now ya
floatin'
So you gots to dance for me
Don't need no hateration,
holleration
In this dancerie
Let's get it percolatin',
while you're waiting
So just dance for me…( Mary J. Blige, Chanteuse)
DES MASCULINITÉS NON HÉGÉMONIQUES
La première observation a été qu’on ne danse pas
trop avec la ceinture mais que je pouvais la mettre comme mouvement dans ma
manière de danser si je voulais. Il m’a fait la remarque que les gens ne
viennent pas pour suivre un cours mais pour sentir la danse urbaine. Alors il a
commencé à me montrer et j’ai vraiment compris très rapidement chaque
mouvement, là j’ai oublié de coordonner les pieds les bras et je me suis laissé
aller avec lui sur la musique en faisant différents mouvements. Il a remarqué
que j’avais déjà des bases pour danser sur la musique urbaine alors il m’a
félicité.
LA MARICA EN LA PISTA, LA MARICA SE DELATA
"Todos Me Miran"(click ici)
Tu me hiciste sentir que no valia
Y mis lagrimas calleron a tus pies
Me miraba en el espejo y no me hallaba
Yo era solo lo que tu querias ver.....
Y me solte el cabello, me vesti de reyna,
me puse tacones, me pinte bien bella
Y camine hacia la puerta te escuche gritarme
pero tus cadenas ya no pueden pararme.....
Y mire la noche y ya no era oscura
era de lentejuelas.....
Y todos me miran, me miran, me miran,
por que se que soy fina por que todos me admiran,
Y todos me miran, me miran, me miran,
por que hago lo que pocos se atreveran,
Y todos me miran, me miran, me miran,
algunos con envidia pero al final,
pero al final, pero al final, todos me amaran...
(Gloria Trevi, Chanteuse)
"Todos Me Miran"(click ici)
Tu me hiciste sentir que no valia
Y mis lagrimas calleron a tus pies
Me miraba en el espejo y no me hallaba
Yo era solo lo que tu querias ver.....
Y me solte el cabello, me vesti de reyna,
me puse tacones, me pinte bien bella
Y camine hacia la puerta te escuche gritarme
pero tus cadenas ya no pueden pararme.....
Y mire la noche y ya no era oscura
era de lentejuelas.....
Y todos me miran, me miran, me miran,
por que se que soy fina por que todos me admiran,
Y todos me miran, me miran, me miran,
por que hago lo que pocos se atreveran,
Y todos me miran, me miran, me miran,
algunos con envidia pero al final,
pero al final, pero al final, todos me amaran...
(Gloria Trevi, Chanteuse)
Quand on avait déjà avancé il m’a dit que les
bras ne se bougent jamais de « cette » manière (il m’a fait un geste
très viril) à mon avis avec son geste il m’a montré de ne pas le faire de
manière faible, délicate…il m’a dit avec beaucoup de force qu’on voit la force
et avec les poings fermés. « Le genre demeure marqué dans la façon qu’ont
les femmes et les hommes de se déplacer, de se projeter dans l’espace,
l’amplitude des mouvements, les regards, le positionnement dans l’espace,
jusqu’aux saluts finaux qui trahissent les socialisations des corps »
(Marquié,2011).
J’ai senti un rappel à l’ordre
pour une danse qui demande des chorégraphies plus viriles, il m’a fait bien
comprendre de ne pas être avec des mouvements efféminés ou raffinés dans cette
danse. « La remarque, au sens propre, est particulièrement pertinente dans
le domaine du genre, et plus encore de la danse. L’identité de chacun‑e
est dans les détails du
corps, le tonus de base, les interstices des rythmes singuliers, la spécificité
des arrangements de chaque paramètre de la motricité, temps, espace, énergie,
toutes choses que la danse permet d’explorer pour construire de nouvelles
corporéités, singulières » (Marquié,2011)
Alors j’ai oublié mes cours et j’ai improvisé
des pas que je connaissais depuis Bogotá. J’ai continué à danser et quelques
garçons ont commencé à arriver et ils passaient toujours nous saluer. Je n’ai
rien dû improviser je me suis senti très bien.
Le caractère symbolique était quelque chose qui m’a touché, les gestes,
la manière de saluer étaient très chargé de rituels, une manière dans laquelle
je suis rentré dans ce groupe plutôt masculin, les manières de saluer étaient,
Main, poing, approche corps à corps avec la personne. Chaque garçon m’a fait un
énorme sourire et m’a fait sentir comme faisant partie de leur groupe.
« Des chercheurs en sciences
humaines (sociologie, psychologie, linguistique, etc.) ont observé de très près
ce qu’ils appellent les rituels ou les cérémonials de salutation...ces raisons sont ce qu’on appelle
généralement les fonctions de la communication :première fonction, faciliter
les rapports sociaux, c’est-à-dire les relations, les contacts, les échanges
entre les personnes qui appartiennent à un groupe ; seconde fonction, protéger
ces personnes en leur assurant régulièrement qu’elles ont une place dans le
groupe et qu’elles ne sont pas perpétuellement menacées d’être rejetées ou
obligées de se soumettre » (Maulini,2009).En tous cas pour moi cela
restait un rituel de salutations entre « hommes » et de socialisation masculine car je n’ai pas vu faire ça avec les femmes.
Je me suis aperçu des regards de Lola et Sara je me suis dit que je voulais les faire venir avec moi pour danser et ouvrir un peu plus la place réduite des femmes. Il y avait juste deux femmes, celles qu’on a vues dans l’observation précédente et une femme « racisée » qui dansait très bien. J’ai appelé Sara et Lola, alors Sara est venue très contente de participer et Lola a refusé d’un signe de tête (un choix que je n’ai pas demandé de justifier). J’ai expliqué à Sara ce qu’il fallait faire et elle a commencé à danser, à ce moment-là les garçons ne m’ont plus approché, Togba est venu pour demander s’il arrêtait de m’apprendre car Sara est arrivée. Togba était un peu gêné car il pensait que Sara était ma copine, j’ai dit non pas du tout tu peux le faire avec nous aussi. Elle est une amie, à ce moment il est revenu de nouveau sur la danse et on a dansé les trois ensemble et avec d’autres garçons derrière. Cela m’arrive souvent d’être pris pour un hétéro quand je suis avec mes amies car l’injonction hétéronormative est toujours là, un homme et une femme forment un couple. Ma question personnelle était qu’est ce qui se serait passé si j'avais dit que j’étais homosexuel ? Des questions me sont restées à l’esprit. » « Les analyses des relations entre masculinités reconnaissent désormais plus explicitement l’entremise de certains groupes marginalisés et subordonnés, souvent conditionnée par leur positionnement spécifique… » (Connell,2015)
Je me suis aperçu des regards de Lola et Sara je me suis dit que je voulais les faire venir avec moi pour danser et ouvrir un peu plus la place réduite des femmes. Il y avait juste deux femmes, celles qu’on a vues dans l’observation précédente et une femme « racisée » qui dansait très bien. J’ai appelé Sara et Lola, alors Sara est venue très contente de participer et Lola a refusé d’un signe de tête (un choix que je n’ai pas demandé de justifier). J’ai expliqué à Sara ce qu’il fallait faire et elle a commencé à danser, à ce moment-là les garçons ne m’ont plus approché, Togba est venu pour demander s’il arrêtait de m’apprendre car Sara est arrivée. Togba était un peu gêné car il pensait que Sara était ma copine, j’ai dit non pas du tout tu peux le faire avec nous aussi. Elle est une amie, à ce moment il est revenu de nouveau sur la danse et on a dansé les trois ensemble et avec d’autres garçons derrière. Cela m’arrive souvent d’être pris pour un hétéro quand je suis avec mes amies car l’injonction hétéronormative est toujours là, un homme et une femme forment un couple. Ma question personnelle était qu’est ce qui se serait passé si j'avais dit que j’étais homosexuel ? Des questions me sont restées à l’esprit. » « Les analyses des relations entre masculinités reconnaissent désormais plus explicitement l’entremise de certains groupes marginalisés et subordonnés, souvent conditionnée par leur positionnement spécifique… » (Connell,2015)
Projet Cultures Urbaines (28 Avril 2017) |
J’ai invité de nouveau Lola mais
elle a continué à refuser l’idée de venir pratiquer avec nous, j’ai eu
l’impression qu’elle était mal à l’aise, alors elle est partie pour continuer à
observer d’autres groupes. On a dansé pendant quelques temps on s’est bien
amusés, je me suis senti un peu fatigué alors je suis allé boire de l’eau avec
Sara et à ce moment-là j’ai remarqué d’autres garçons arriver et ils sont venus
me saluer aux escaliers mais ma copine était ignorée la plupart du temps.
« La domination masculine se différencie d’autres formes de domination en
ce qu’elle ne peut s’exercer que par cette production spécifique et permanente
de la différence justifiant l’inégalité. Pour les hommes, la seule
justification étant le "sexe", elle doit se traduire par des
regroupements d’hommes et des regroupements de femmes. L’existence de la
séparation est nécessaire à la domination. Telle est du moins la thèse de
Goffman » (Maury,2002).
Danseurs Ivory Dansa et DJango |
On est restés quelques minutes
pour discuter ensuite avec la fille racisée qui a assuré m’avoir déjà vu la
semaine précédente en train de danser aussi la salsa, on a insisté que c’était
ce jour même. Elle a dit en tout cas qu’elle a remarqué depuis toujours que j’étais
Latino, qu'on le voit, et que je suis doué pour danser et que ça se voit que je
suis latino.
On est parti avec Sara on est
allés pour dire merci, j’ai pris des numéros de téléphone et Togba m’a invité
à revenir, après on est passés dans un autre groupe de danse urbaine beaucoup
plus jeune et moins racisé. La bas j’ai vu Salas qui a assuré ne pas me
connaître car j’étais habillé très différemment de la première fois qu’il m’a
vu.
On est parti avec l’envie de revenir pour essayer.
Je suis retourné pour l’événement du "Projet Cultures Urbaines" et pour continuer à danser quelques fois.J'aime beaucoup danser et j'ai fait la connaissance de Ivory et DJango à qui j'ai demandé participer à mon travail. Le 104 est pour moi " Le Temple de la Danse", un endroit où la danse se fabrique, un endroit que je continuerais à fréquenter.
On est parti avec l’envie de revenir pour essayer.
Je suis retourné pour l’événement du "Projet Cultures Urbaines" et pour continuer à danser quelques fois.J'aime beaucoup danser et j'ai fait la connaissance de Ivory et DJango à qui j'ai demandé participer à mon travail. Le 104 est pour moi " Le Temple de la Danse", un endroit où la danse se fabrique, un endroit que je continuerais à fréquenter.
Winer Ramírez Díaz
EHESS
Genre, Politique et Sexualité, mention sociologie
2017
Genre, Politique et Sexualité, mention sociologie
2017